Vents
& marées
Éole,
Neptune, Rê
De l’importance de la micro énergie électrique
Cette recherche fait suite à un questionnement sur les
énergies pour demain en interrogeant les forces de la nature utilisées par le
passé comme un modèle qui pourraient être ré actualisable : c'est-à-dire
l’énergie marémotrice des moulins à marées peut-elle être un prototype pour de
la micro énergie électrique. Pendant des siècles le long des côtes atlantiques
à fort marnage, cette énergie gratuite permit de faire tourner des moulins à
blé au gré des flots et des jusants, les
meuniers les associant aux moulins à vent perchés sur les hauteurs afin de pallier
au temps « mort » des marées.
Cette matrice conceptuelle de captage d’une grande masse
d’eau afin de la transformation en énergie c’est déplacé vers celle des
piscines d’eau de mer que l’on retrouve le long de nos côtes et qui se
remplissent par immersion à marée montante. Ce principe a servi de base pour
élaborer de mini « usine » autonome pour la production de micro
énergie électrique, associant les énergies du vent, de la mer et de celle du
soleil. Le propos étant de réaliser un maillage de proximité près des côtes,
sur des îlots rocheux.
![]() |
mini usine autonome électrique- image et conception
@Tous droits réservés
|
![]() |
micro turbine
@Tous droits réservés
|
![]() |
turbo éolienne-images et conception
@Tous droits réservés
|
![]() |
mini centrale solaire-@Tous droits réservés |
![]() |
bassin de retenue d'eau-éléments modulaires images et conception @Tous droits réservés |
![]() |
micro usine de production électrique images et conception @Tous droits réservés |
![]() |
images et conception @Tous droits réservés |
Cette énergie d’appoint pourrait
pallier la faiblesse de l’énergie marémotrice dépendante de la marée et de ses
cycles de six heures. Ce couplage d’énergies complémentaires était déjà présent
dès l’origine de l’utilisation de l’énergie marémotrice : les moulins étaient
souvent exploités avec ceux de l’énergie éolienne afin de pallier aux
inconvénients des uns et des autres[1] . L’automatisation du
dispositif de ces nouveaux bassins marémoteurs serait nécessaire pour que les
turbines se mettent en fonctionnement sans intervention humaine. Cette machine
de production serait alors suffisamment autonome pour répondre, de gré à gré, à
la demande des usagers pour des micros réseau de proximité. L’objectif serait
la production d’énergie positive, c’est-à-dire que sur un territoire de
communauté de communes, l’énergie produite est supérieure à celle consommée par
les usagers[2]. Une autre esthétique de la
production d’énergie (s) se ferait jour avec des réserves marémotrices de
taille moyenne le long sur littoral.
Cette dépendance à un système
centralisé d’énergie sur un territoire pose bien la question de la
territorialisation de l’énergie. Deleuze nous invite à déterritorialiser et à
comprendre qu’il est important de quitter un schéma de conception centralisé,
avec son arborescence et ses ramifications, système directif et qui montre sa
fragilité à chaque manifestation météorologique violente de la nature. C’est
aussi la question de la transformation d’un territoire en machine productrice
qui est posée. Gilbert Simondon [3]pose une question primordiale
: « Peut-on considérer les machines passives (un poteau, un chemin) comme
machines? »« Oui » répond-il, « un poteau, un chemin sont effectivement des
objets techniques ; ils fonctionnent en eux-mêmes; un poteau fléchit et revient
élastiquement à sa position première ; un chemin aussi ». Chaque
construction passive est donc un ensemble « actif » en cohérence interne qui,
pour perdurer, entre en résonance avec son milieu et l’activité humaine. Un
objet technique va bien au-delà de sa fonction première, il fait « machine »
dans la mesure où il engendre un milieu associé nécessaire à son développement
et à sa conservation. Ainsi l’objet technique engendre un milieu qui lui est
nécessaire.
Nous le voyons bien dans le cas des
digues des moulins à marées, qui engendrent une ramification de voies d’accès,
de pontons, d’accostages, de points de passage et des usages qui leur sont
associés[4] . Si certains se sont
arrêtés de fonctionner vers 1920, d’autres ont poursuivi leur activité avec
l’énergie marémotrice jusqu’en 1957, voire même en 1980 avec l’énergie
électrique[5]. Sans entretien, sans leur
milieu associé permettant de les entretenir, les digues se sont rapidement
décomposées[6]. Dans cette notion de
milieu, ce ne sont pas seulement les éléments physiques qui se sont délités, ce
sont aussi les liens sociaux du lieu qui se sont défaits. Le mur digue a
travaillé à plusieurs niveaux, créant des relations dans une interaction, de
l’objet/sujet/paysage. On retrouve cette trilogie objet/sujet/paysage dans la
relation au milieu qu’exprime Augustin Berque[7] quand il développe la notion de « médiance
(sens à la fois écologique et symbolique d’un milieu à propos du paysage.
Le paysage n’est ni un simple objet
ni une simple représentation subjective, mais une trajection (une liaison sujet
objet) qui fonctionne à la fois comme empreinte (exprimant certaines façons de
voir et de faire) et comme matrice (informant des expressions ultérieures).»
La machine n’est donc pas seulement
un ensemble d’éléments mécaniques en action, tels le moulin, sa roue et ses
meules à grain, c’est aussi une construction « passive » comme une digue, un
élément exogène qui entre en opposition avec le flux naturel de la mer, qui, en
contrariant cette force liquide cherche à la canaliser, à enfermer son énergie.
Les milliers de tonnes d’eau contournent cette géométrie souvent rectiligne, s’engouffrent
par le pertuis de la vanne avant de s’amasser et de reprendre le chemin inverse
en libérant sa puissance sur la roue du moulin. C’est bien une machine qui est
en action par les forces en mouvement. Gilbert Simondon entre en résonance avec
Descartes pour penser « la construction d’un immeuble comme celle d’une
machine simple ». Ainsi, «la construction vaut ce que vaut la plus
faible de ses assises, comme une chaîne vaut ce que vaut le plus faible de ses
maillons[8] ». Le problème n’est donc pas tant
l’adéquation de la machine/outil et de sa fonction dans son milieu, mais bien
celui de l’hétérogénéité de son assemblage. « Un mur ne peut pas être
techniquement défini comme un couple de forme et de mise en forme : Il se
produit un travail des éléments les uns par rapport aux autres[9] » .
La fragilité de la digue des moulins
à marée est bien l’hétérogénéité de sa construction : une simple tempête peut
l’éventrer[10]. Il convient donc, dans la perspective de
retenue d’eau, de tenir compte de la vulnérabilité des ouvrages existants. Une
étude plus approfondie sur une structure/barrage de petite dimension devra être
menée. Notons que ce concept de micro sources d’énergies était déjà présent
dans l’étude de 1983 de J.Jallay et A.Fady sur les moulins de mer en Bretagne
et leur potentiel de micro centrales électriques. J.L.Boithias et A. de La
Vernhe ont émis pareillement l’hypothèse de cette possibilité de développement
: « Demain également peuvent voir le jour des installations marémotrices à
petite échelle sans aucune mesure avec les projets actuels, tant il est vrai
qu’il reste, de par le monde (en particulier le tiers-monde) quantité de côtes
dépourvues d’équipements énergétiques[11].»
Il faut donc réinventer le concept de
bassin/digue de rétention d’eau à des fins marémotrices qui soient adaptées au
besoin de proximité des usagers. Le barrage de la Rance est resté pendant
longtemps unique au monde. D’autres projets[12] de cette ampleur, voire encore plus impactant
pour l’environnement vont être réalisés. Ils ne changent en rien le paradigme
qu’énonçait Gilles Deleuze, à savoir « l’Un totalisant [13]» alors qu’il faudrait pour s’adapter tendre
vers la multiplicité des ressources d’énergie.
Le paysage n’est ni un simple objet
ni une simple représentation subjective, mais une trajection (une liaison sujet
objet) qui fonctionne à la fois comme empreinte (exprimant certaines façons de
voir et de faire) et comme matrice (informant des expressions ultérieures).»
La machine n’est donc pas seulement
un ensemble d’éléments mécaniques en action, tels le moulin, sa roue et ses
meules à grain, c’est aussi une construction « passive » comme une digue, un
élément exogène qui entre en opposition avec le flux naturel de la mer, qui, en
contrariant cette force liquide cherche à la canaliser, à enfermer son énergie.
Les milliers de tonnes d’eau contournent cette géométrie souvent rectiligne,
s’engouffrent par le pertuis de la vanne avant de s’amasser et de reprendre le
chemin inverse en libérant sa puissance sur la roue du moulin. C’est bien une
machine qui est en action par les forces en mouvement. Gilbert Simondon entre
en résonance avec Descartes pour penser « la construction d’un immeuble
comme celle d’une machine simple ». Ainsi, «la construction vaut ce que
vaut la plus faible de ses assises, comme une chaîne vaut ce que vaut le plus
faible de ses maillons[14] ». Le problème n’est donc pas tant
l’adéquation de la machine/outil et de sa fonction dans son milieu, mais bien
celui de l’hétérogénéité de son assemblage. « Un mur ne peut pas être
techniquement défini comme un couple de forme et de mise en forme : Il se
produit un travail des éléments les uns par rapport aux autres[15] ».
La fragilité de la digue des moulins
à marée est bien l’hétérogénéité de sa construction : une simple tempête peut
l’éventrer[16]. Il convient donc, dans la perspective de
retenue d’eau, de tenir compte de la vulnérabilité des ouvrages existants. Une
étude plus approfondie sur une structure/barrage de petite dimension devra être
menée. Notons que ce concept de micro sources d’énergies était déjà présent
dans l’étude de 1983 de J.Jallay et A.Fady sur les moulins de mer en Bretagne
et leur potentiel de micro centrales électriques. J.L.Boithias et A. de La
Vernhe ont émis pareillement l’hypothèse de cette possibilité de développement
: « Demain également peuvent voir le jour des installations marémotrices à
petite échelle sans aucune mesure avec les projets actuels, tant il est vrai
qu’il reste, de par le monde (en particulier le tiers-monde) quantité de côtes
dépourvues d’équipements énergétiques[17].»
Il faut donc réinventer le concept de
bassin/digue de rétention d’eau à des fins marémotrices qui soient adaptées au
besoin de proximité des usagers. Le barrage de la Rance est resté pendant
longtemps unique au monde. D’autres projets[18] de cette ampleur, voire encore plus impactant
pour l’environnement vont être réalisés. Ils ne changent en rien le paradigme
qu’énonçait Gilles Deleuze, à savoir « l’Un totalisant [19]» alors qu’il faudrait pour s’adapter tendre
vers la multiplicité des ressources d’énergie.
Extraits
d’articles
Rapport
IMR (programme interdisciplinaire de recherche) -
Ministère de la Culture et de
la Communication :«
Estuaires et énergie des marées »
Rapport
Fondation de France : « Usages de l’eau en Rance maritime -
La «
fabrication » d’un territoire hier, aujourd’hui et demain »
Recherches sur la modélisation du concept de micro centrale électrique
Laboratoire GRIEF - L’ENSABretagne. D.Lamandé
[1]) - J.L.Boithias & A.de La Vernhe - la
triple alliance de l’eau, du vent et de la mer- les moulins à Mer et les anciens meuniers du littoral– Ed :
Créer 1986 - pages 63/67
[2]) -
https://www.youtube.com/watch?v=KjwE4Y6xh5k - comme dans la communauté des
communes du Mené
[3]) - Gilbert Simondon - Invention dans les
techniques-cours et conférences : Edition traces écrites-Seuil ; établis par
J.Y Château - Page 159
[4]) - J.L.Boithias & A. de La Vernhe - Les
Moulins à Mer et les anciens meuniers du littoral - Ed : Créer 1989 - Page 105
[5]) - Moulin du Boschet
[6]) - La technique d’assemblage des moellons au
mortier hydraulique des murs /digues, structurés de pieux et de clayonnages est
le point faible des digues. Ces éléments hétérogènes n’ont pas résisté aux
assauts du flux maritime.
[7]) - Augustin Berque - L’espace géographique
n°4. 1987- Milieu et Motivation Paysagère
[8]) -Page160 id
[9]) - Page 160 id
[10]) - Moulin de Roches noires à Matignon. 1920 http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/matignon/Geoviewer/Data/html/IA22009447.html
[11]) -
J.L.Boithias & Vernhe - Les Moulins à Mer et des anciens meuniers du
littoral -Ed : Créer 1986 - Page 246
[12]) - https://www.lenergieenquestions.fr/tag/energie-maremotrice
[13]) - Gilles Deleuze-Félix Gattari- Mille
Plateaux - collection critique- les éditions de minuit 1980 -Page31
[14]) -Page160 id
[15]) - Page 160 id
[16]) - Moulin de Roches noires à Matignon. 1920 http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/matignon/Geoviewer/Data/html/IA22009447.html
[17]) -
J.L.Boithias & Vernhe - Les Moulins à Mer et des anciens meuniers du
littoral -Ed : Créer 1986 - Page 246
[18]) -
https://www.lenergieenquestions.fr/tag/energie-maremotrice
[19]) - Gilles Deleuze-Félix Gattari- Mille
Plateaux - collection critique- les éditions de minuit 1980 -Page31